LE GRAND POISSON ET LE PETIT
Dans l’eau vive et scintillante, Là était le blanc Gardon, Restant sur le bord sableux, De peur des endroits profonds. « Moi, petit poisson, dit-il, Comment irais-je là-bas ? Il y va, poursuivit-il, Beaucoup trop de grands poissons. » Le Gardon avait toujours Su estimer sa valeur. Telle était sa clairvoyance, Don de Dieu à sa naissance. Un jour la Brème le vit Restant sur le bord sableux, Elle remua la queue Et demanda : « Qui es-tu ? » Le Gardon lui répondit : « D’ici je suis habitant. Et toi, où donc te conduit Ta nage à contre-courant ? » La Brème leva la tête : « Je remonte vers l’amont, Avec de bonnes nouvelles De la mer pour les poissons. Pour les petits et les grands Est venue la liberté — Oyez, si vous le voulez, Oyez, ceux qui ont des ouïes ! » Le petit poisson, surpris, Reste là à s’étonner ; De ce discours de la Brème Il parle avec le Goujon. Le Goujon reste sceptique : « On nous ment », rabâche-t-il. Le Gardon de rétorquer : « Moi je pense que c’est vrai ! » Le Goujon fit un sourire, Entra sous des branches mortes : « Arrête, idiot de Gardon, Ta clairvoyance est perdue ! » Le Gardon ne prêta pas Attention à ses paroles, Mais il dit en se moquant : « Toi-même arrête d’abord ! Voici que cette nouvelle M’a rendu le goût de vivre. En pleines eaux à présent Je n’ai plus peur de personne ! » Le Gardon part au milieu, Il tournoie et batifole, Se promène en haut, en bas, Et crie de sa fine bouche : « Petit poisson que je suis, Mes manières sont si grandes Que les gros bras, maintenant, M’inspirent bien peu de crainte ! » Le blanc Gardon n’eut longtemps Le loisir d’aller si vite. Près de lui vint le Brochet : « Je vais te manger ! » dit-il. Le Gardon ouvrit les yeux : « Arrête donc tes sornettes. La liberté est venue : Je ne puis être mordu ! » « La liberté est venue, Je sais, répond le Brochet. C’est pourquoi je vais d’abord Te laisser la liberté. Ainsi, mords-moi donc toi-même, Mange-moi comme tu veux. Si tu ne peux me manger, C’est moi qui t’avalerai ! » Le Gardon se mit en tête De manger le grand Brochet. Mais il ne put approcher Son museau jusque là-bas. « Je n’ai pas assez de force, Dit-il, non, je ne peux pas. » Et le Brochet de glapir : « À présent je suis fâché ! » Il ouvrit sa large bouche, De ses dents fit cric-crac-croc : Le blanc Gardon tout entier Se retrouva dans sa gorge. Ainsi notre blanc Gardon, Du Brochet fut l’adversaire, Ainsi c’est lui qui dans l’eau Avait de grandes manières.
Вуджӧдысь: 
Комиӧн
Ыджыд чери да ичӧт чери
Оригинал гижысь
Лебедев Михаил
Оригинал гижан кад: 
1913ʼ во

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